Le col du Galibier, qui permet de basculer rapidement vers la vallée de l’Arc, le Briançonnais ou l’Isère, offre un intérêt commercial et stratégique important. L’annexion de la Savoie à la France, en 1860, ne fait que renforcer l’intérêt de la seule voie de communication entre les Hautes-Alpes et la Savoie.
À la fin du XIX e siècle, la route est construite. Plus haut col d’Europe carrossable à l’époque, le Galibier devient le fleuron de la route des Grandes-Alpes. L’idée d’imposer aux champions cyclistes les voies les plus pentues fait son chemin. Comme l’écrit Serge Laget dans un ouvrage consacré aux “cols mythiques”, « l’épreuve avait besoin de cette idée fulgurante et de cette élévation pour fuir les tricheries de la plaine et s’imposer grâce à la vérité intangible de la montagne ».
Jusqu’en 1938, le tracé était plus pentu
Le 10 juillet 1911, Émile Georget est le premier coureur cycliste à franchir le Galibier. Le col devient désormains un des classiques du Tour. Côté Hautes-Alpes, la route empruntait avant 1938 un tracé différent, plus court et plus pentu, qui passait par les chalets de la Mandette.
Côté Savoie, le tronçon des Verneys à Plan-Lachat, qui ne faisait pas de boucle à Bonnenuit, présentait à l’époque une pente de 14 %. Les variations de pentes s’ajoutaient aux difficultés d’une route empierrée.
La route dont on fait les héros
Au soir de la première étape empruntant le Galibier, Henri Desgrange écrivait que, face au Galibier, les autres cols n’étaient que « de la pâle et vulgaire bibine » ([source “Les Alpes et le Tour “- DL, NDLR]. Comme le souligne le Miroir des sports en 1933, ce passage est devenu décisif : « l’effort de Trueba, sous le soleil ardent, dans le terrible col du Galibier. Les éboulis de pierres, qui vont jusqu’à joncher le chemin au pourcentage extrême de 15 %, rendent encore plus ardue la tâche du coureur de tête et de ses adversaires. C’est là dans un paysage désertique, dépourvu de végétation et d’ombre, que les routiers du Tour de France s’élèvent lentement, péniblement au rang de héros du sport ».
Le col lui-même ne sera franchi qu’en 1979
Henri Desgrange savait que les cols étaient une des raisons du succès du Tour, mais il était hanté par le souvenir des premiers grimpeurs (Bottecchia, Buysse, etc.) qui prenaient une avance décisive, supprimant tout intérêt pour le reste de l’épreuve. C’est pourquoi, il a toujours refusé une bonification au sommet. C’est sur les pentes du Galibier que demeure le souvenir du fondateur du Tour.
Aujourd’hui, le tour emprunte la route du col située à 2 646 mètres d’altitude, construite lors de la fermeture du tunnel en 1976, pour raisons de sécurité. Ce nouveau tracé a été emprunté pour la première fois par le Tour en 1979. Après restauration, le tunnel a été de nouveau ouvert à la circulation en 2002. Les cyclistes empruntent désormais obligatoirement l’itinéraire du col.